Philippe

   Page d'Accueil ] Remonter ] Le parcours médical ] Liens / Links ] Questions/Réponses ] forum ] Glossaire ] Sport et PBVE ]

 

Interview réalisé en octobre 2002 auprès de Philippe C. (dépt 63)

Agé aujourd'hui de 37 ans, je suis porteur d'un pied bot varus équin gauche, diagnostiqué en .. 1985. Jusqu'à cette date, ce n'était que de "la comédie" (je cite les propres mots de mon médecin-traitant de l'époque), une mauvaise position, une "manie à la con" (je cite encore les propos du médecin).

A l'époque où j'étais enfant, après ce "diagnostic" posé par le praticien, ma vie fût très difficile. En effet, pour ma mère, mes frères, sœurs, et l'entourage, j'étais un gamin qui faisait la comédie en marchant mal, en tordant son pied. De là, et après les traditionnelles remarques et surnoms : canard, pied tordu .. , Tous y sont allés de leur manière pour me faire redresser ce pied "Allez ! Marche droit ! Remets ton pied droit ! T'arrêtes de marcher tordu... sans s'imaginer ou essayer de comprendre qu'essayer de marcher "normalement" était une torture.

Vu le diagnostic (et aussi peut-être les conditions de vie difficiles de la famille), je n'ai pas été traité. Si ce n'est que vers 10-12 ans, 100 séances de rééducation, qui n'ont évidemment rien modifié à l'évolution du PBVE. Je vais être concret : mes remarques et ma "révolte" s'argumentent autour de deux choses précises (Je signale également que je suis né par les pieds, que j'ai dû être réanimé et que je suis né à domicile (1965) :

1) Un médecin-traitant pose un diagnostic après avoir examiné un jeune enfant (j'ai été vu pour ce problème que vers 10-12 ans) peut-il dire aussi durement et devant l'enfant "c'est une manie à la con !" ... De plus, le diagnostic, du coup, a été connu bien au-delà de la famille (aucun secret ou discrétion de respecté ! Du moins pour l'enfant). De plus, aucun examen la première fois n'avait été ordonné par ce praticien !

2) Le PBVE me paraît toujours, aujourd'hui encore, à la lecture des premiers témoignages de ce site, être une maladie "honteuse", du Moyen-age. J'ai ainsi retrouvé des expressions comme "une mauvaise position»... Nous sommes pourtant en 2002, et les techniques et la connaissance ont évolué. Comme s’il y avait toujours ce doute dans la tête des gens "vraie maladie ou comédie"

Bilan : aujourd'hui, mon pied bot varus équin, reconnu en 1985 (opéré cette année là du tendon d'Achille) laisse les séquelles suivantes : jambe gauche plus courte d'environ 2 cm, bascule du bassin (déhanchement), scoliose, douleur des cervicales, pied déformé, atrophie musculaire de la jambe gauche (le contraire jambe droite), et aujourd'hui, diminution de la motricité latérale de la jambe gauche.

Bilan psychologique : l'enfance : j'ai bien souvent pleuré devant le manque de compréhension. Adulte : en 1985, je fais la démarche personnelle à 20 ans de me faire opérer. Adolescence marquée par les complexes..etc .

Adulte, la vie passant, je prends du recul par rapport à tout ça d'autant plus qu'il y a des maladies et handicaps plus lourds, plus durs et même mortels.

Aujourd'hui : je suis militant au sein d'une association de personnes malades et handicapées. Je me bats avec d'autres. Mais je ne reste pas cantonné à mon handicap. Je fais ainsi de la course à pied ( 5, 10 ou 21 km). En tout cas, j'ai décidé d'agir sur ce que je peux agir, sur mon mental, à défaut de pouvoir le faire sur mon handicap. Fini la rancœur, l'amertume et les complexes. Mais ne pas oublier et faire avancer les choses, ne serait-ce que pour les autres.

Vous pouvez me joindre à l’adresse : phcourtial_chez_wanadoo.fr

Mon association :  : http://www.fmh.asso.fr

 
Dernière modification : 13 février 2005
Page d'Accueil ] Remonter ]