Le pédiatre de maternité

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Interview du Dr  G. BEAL,  Pédiatre à la Maternité de Versailles - Le Chesnay (78) - avril 2001. 

Quand, dans un service de maternité, un enfant naît avec une affection tel qu'un PBVE,

  • Cet enfant est il examiné plus rapidement qu'un autre ?

En règle générale, la malformation a été dépistée in utero et les parents ont pu rencontrer l'équipe obstétricale avec le pédiatre et dans le meilleur des cas un orthopédiste qualifié. C'est en tout cas la situation idéale qui permet à la famille d'attendre avec moins d'angoisse l'arrivée de leur enfant sans être confronté à une malformation inattendue pour tous donc toujours mal vécue. Dans tous les cas, il est indispensable de voir les parents le plus tôt possible, donc en salle d'accouchement afin de dédramatiser la situation, de les déculpabiliser  et de les rassurer au maximum sur l'avenir moteur de leur bébé, et sur le caractère en général isolé de cette malformation. Il en est de même pour toute anomalie physique détectée en salle de travail car le vécu de ces toutes premières minutes peut conditionner pour longtemps le regard qu'ils portent à leur enfant.

  • Quelle est la démarche que vous suivez dans l'examen de ce nouveau-né ?

L'examen du nouveau-né sera complet :

  1. On recherche des anomalies associées qui en fait sont extrêmement rares, le PBVE étant le plus souvent isolé

  2. On étudie tout particulièrement les réflexes, la force musculaire, les hanches à la recherche d'un ressaut évocateur d'une hanche luxable parfois associée, le pli fessier et le bas de la colonne lombaire parfois siège d'une fossette.

  3. Le PBVE est analysé en détail: degré de réductibilité, force des releveurs du pied.

  4. On finit bien sûr par un examen complet : auscultation cardio-pulmonaire, abdomen, téguments, état des yeux, de la bouche, réflexes primaires et réactivité du nouveau-né...

  • En cas d'absence d'anomalie associée, faut il faire d'autres examens complémentaires que ceux prescrits habituellement à la naissance ?

Il n'y a aucune urgence à faire des radios qui seront faites sur prescription de l'orthopédiste de même qu'une échographie de la hanche ultérieurement.

  • Le dialogue avec les parents, comme l'annonce de tout événement médical important, doit il répondre à certains principes ?

Comme pour tous parents confrontés à un handicap il faut prendre le temps d'expliquer calmement la nature, la cause éventuelle, les conséquences et surtout le type de prise en charge que requiert cette malformation d'origine fœtale. Il me parait capital d'être le plus optimiste possible en insistant sur l'absence totale d'anomalie cérébrale ou autre dans l'immense majorité des cas. Cet enfant devra être suivi par une équipé spécialisée mais il marchera dans les délais habituels.

  • Que devez vous faire passer comme message aux parents ? caractère isolé de l'affection, acquisition normale de la marche, traitement long avec geste chirurgical possible ?

Le PBVE est une malformation très fréquente : 1 pour 1000 naissances environ, ce qui la met en tête des malformations orthopédiques ; il associe une déformation de l'arrière-pied déjeté en dedans (varus) et en flexion (équin) par rétraction du tendon d'Achille avec rotation de l'avant pied(supination).

Il y a un risque familial d'environ 25% confirmant qu'il ne s'agit pas d'une simple malposition mais bien d'une affection congénitale.

Il n’y a pas d'anomalie associée dans l'immense majorité des cas.

Le traitement est essentiellement kinésithérapique avec manipulations quotidiennes dès les premiers jours de vie pour corriger au mieux la malformation, associée pendant les premières semaines à des plaquettes ou à des attelles non traumatisantes. Vers 2 mois on espace les séances si l'évolution est favorable tout en continuant le maintien du pied en bonne position. Ce n'est qu'en cas d'échec de la réduction que pourra être proposée une intervention mais seulement dans un petit nombre de cas, car pour la plupart il sera possible de mettre l'enfant en appui à partir de 6 mois avec poursuite d'une kiné 2 à 3 fois par semaine et port d'une chaussure normale dans la journée +/- coquilles nocturnes Lors de l'acquisition de la marche on continuera les postures actives et il faudra suivre l'enfant jusqu'à la fin de la puberté pour déceler d'éventuelles anomalies résiduelles qui peuvent parfois nécessiter un geste chirurgical tardif.

  • La prise en charge des parents est-elle facilité quand il y a eu un diagnostic anténatal ?

Il est certain que le dépistage lors de l'échographie anténatale permet de préparer à cette malformation impressionnante tout en rassurant sur l'absence habituelle d'anomalie associée. Il est alors possible d'expliquer en détail les différentes étapes de la prise en charge et surtout de rencontrer l'équipe orthopédique qui surveillera l'évolution.

  • Organisez vous une consultation spécialisée en orthopédie pédiatrique ?

Systématiquement, l'enfant est montré dès que possible en consultation spécialisée, mais il n’y a pas d'urgence et mieux vaut attendre plusieurs jours que de faire des gestes intempestifs.

  • A l'hôpital de Versailles, la mise en route du traitement se fait-elle de manière précoce et sous quelle forme ?

Les manipulations par le kiné sont débutées rapidement avec positionnement par des résines thermo-formées ou par attelles dont il est important de contrôler la bonne tolérance. Le relais est pris à la sortie de l'enfant par un kiné habitué à cette prise en charge, en attendant la consultation orthopédique infantile. Le pronostic dépend de la précocité et de la qualité de la prise en charge initiale, du degré de réductibilité de la malformation et de la bonne collaboration familiale car le suivi de cet enfant doit se poursuivre jusqu'à la puberté qui signe la fin de la croissance.  

 
Dernière modification : 16 juillet 2001
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